A propos du croissant chaud du matin...
Après avoir préparé ma première pâte feuilletée maison, plein de questions ont commencé à m’envahir l’esprit. Comment est-ce possible qu’un jour, il y a des siècles, quelqu’un se soit levé le matin et se soit dit :« Tiens, aujourd’hui je vais préparer une première pâte avec très peu de matière grasse, puis je vais incorporer du beurre, et enfin je vais replier plusieurs fois cette pâte sur elle-même pour obtenir des sortes de feuilles… ». Moi, jamais je n’y aurais pensé ! Pourtant, il semblerait que l’invention de la pâte feuilletée remonte à loin : déjà les hommes de l’Antiquité cuisinaient avec des pâtes similaires.
En tout cas (encore une fois !) c’est Antonin Carême qui a perfectionné la pâte feuilletée pour la rendre telle que nous la connaissons aujourd'hui.
L’histoire du croissant donne une origine au terme « viennoiserie ». Ainsi ce serait à Vienne, lorsque les Ottomans assiégeaient la ville, à la fin du XVIIe siècle, que cette pâtisserie aurait été inventée. En effet, la nuit, les soldats ennemis avaient fait du bruit, mais comme tout le monde dormait, personne n’entendait quoi que ce soit… excepté les mitrons et les boulangers qui à 3h du matin s’étaient déjà mis à la besogne. Ces derniers donnèrent alors l’alarme, ce qui permit aux Viennois d'intervenir contre l’attaque de l’ennemi. Ce gâteau individuel fut donc une façon d’immortaliser le rôle de cette catégorie professionnelle et c’est pourquoi on donna à ce nouveau "gâteau" une forme de demi-lune rappelant le symbole présent sur les étendards ottomans.
Détail important : à ce qu’il semble, les premiers croissants n’étaient pas feuilletés, mais plutôt briochés et c’est précisément en France que l’on commença à les préparer avec de la pâte feuilletée, notamment au cours de la deuxième moitié du XIXe siècle. Cela explique pourquoi ils ont fini par devenir l’un des symboles de la gastronomie française et non pas de celle viennoise ou arabe.
Les imitations ne se comptent plus et chaque pays produit ses croissants un peu à sa façon. Personnellement, je connais bien ceux italiens que l’on appelle « cornetto », c’est-à-dire « petite corne » : ils sont très parfumés car ils sentent la fleur d’oranger et sont plus sucrés. Par contre, on les prépare quasiment toujours à partir de margarine et le goût - comme la texture - en ressent... Souvent on les coupe en deux dans le sens de la longueur et on introduit à l’intérieur une tranche de jambon ou du fromage. Pour un en-cas sucré-salé, c'est vraiment savoureux.
D’autre part, en Lorraine, je me souviens d’avoir mangé des croissants avec du glaçage dessus.. un délice !
Et, si un jour vous allez à Berlin, n'hésitez pas à goûter au "laugencroissant" (une sorte de bretzel brioché).
Ahhh le croissant ! Si je m'écoutais et si ce n'était pas si calorique, je pourrais en manger tous les jours au petit-déjeuner, au goûter...