Chacun son étagère dans le frigo

Publié le par Messergaster

Le frigo de la coloc' où vit le personnage principal du film "L'auberge Espagnole" de Cédric Klapish

Le frigo de la coloc' où vit le personnage principal du film "L'auberge Espagnole" de Cédric Klapish

Moment autobiographique : je viens de visiter mon 15e appartement. En effet, je recherche activement une colocation pour l'année prochaine... Hélas, la tâche est plus ardue que je ne le croyais : soit on ne veut pas de moi, soit c'est moi qui trouve quelque chose à redire. Voilà ce qu'il arrive quand on est quelqu'un de difficile. Néanmoins, je commence à mettre la barre un peu plus bas à présent, notamment pour ce qui concerne le rapport à la bouffe.

Gérer les stocks de nourriture en colocation

Si vous vivez en colocation, vous savez qu'il existe deux écoles de pensée à ce sujet :

  • Ceux qui attribuent à chacun une étagère dans le frigo : chacun fait ses courses pour soi (avec des variantes : la plupart mettent en commun pâtes, beurre, huile, café... d'autres séparent même ces denrées de base, notamment quand les différents colocataires n'ont pas les mêmes revenus)
  • Ceux qui font leurs courses tous ensemble : chaque semaine, tous les colocataires vont au marché ou au supermarché ensemble, munis de gros sacs (là aussi, des divergences : je suis tombée sur des filles qui, tout en mettant en commun, comptaient combien de repas un des habitants consommait sur place, combien d'oeufs il mangeait, combien de lait il buvait etc etc... Puis, à la fin du mois, elles faisaient leurs comptes pour rembouser les personnes qui avaient mangé rarement à l'appart: j'ai trouvé tout cela hallucinant).
Communisme alimentaire ou chacun pour soi ?

Cela fait des années que je vis dans des appartements en colocation. Cela signifie que J'ai expérimenté les deux systèmes - mais je penche nettement pour le premier. Quand on faisait nos courses ensemble - cela a duré 6 mois - on mangeait toujours la même chose : escalope de dinde et riz, pâtes carbonara, poisson pané... et hop, ça recommençait. Je n'en pouvais plus. Quand on partage les aliments et qu'on mange ensemble le soir, ça pose mille problèmes car déjà il faut attendre que tous aient faim pour manger, et qu'ensuite il faut essayer de préparer des plats qui plaisent à tout le monde - ce qui fait sombrer toute la communauté dans la monotonie. Le jour où on a abandonné ce système et qu'on a décidé qu'il valait mieux faire chacun pour soi, ça a été beaucoup mieux. Déjà je pouvais manger à l'heure que je voulais (c'est-à-dire tôt) et surtout je pouvais enfin me préparer ce que je souhaitais ! Après une dure journée passée à étudier, rentrer chez soi et faire preuve de créativité derrière les fourneaux, c'est vraiment défoulant. En plus, il s'agit d'un système qui donne des idées aux autres : l'autre jour, une de mes colocs se préparait un tajine et ça m'a incitée à faire pareil quelques jours après.
Après, cela n'empêche pas de manger tous en même temps et de papoter. Et de même, si quelqu'un a terminé ses oeufs, dans n'importe quelle coloc' où règne l'harmonie on lui en donnera !

A chaque colocataire, ces bizarreries alimentaires

La coloc' c'est vraiment délicat niveau alimentation. Moi, par exemple, j'adore le camembert, ce qui signifie que j'inflige aux adorables personnes qui vivent avec moi des odeurs "caractéristiques" dans le frigo. Mais la colocation c'est aussi une expérience sociologique qui permet d'apprendre beaucoup. J'ai ainsi découvert que la plupart des étudiants mangeaient du pain de mie car ils avaient la flemme d'aller acheter tous les jours leur baguette chez le boulanger. Question horaires aussi, ça fluctue pas mal entre ceux qui mangent très tôt et à des heures très précises comme moi et ceux qui peuvent mettre à cuire du riz à 3h du matin. Il y a aussi ceux qui ne peuvent prendre leur petit déj' sans la radio.

Manger, un acte de liberté

Bref, tout cela pour dire que j'admire les colocs' où ils réussissent à se la jouer un peu "petite famille" en se retrouvant tous ensemble autour d'un bon petit plat le soir. Moi, je n'y arrive pas. Manger est aussi un acte de liberté puisqu'il implique la notion de choix : je me distingue de tel individu aussi par ce que je mets dans mon assiette. J'apprécie donc moyennement que la "communauté" m'impose le menu du jour...

 

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