Un parfum de légende s'exhale de ma tasse de café...
Ah le parfum du café le matin ! En mode zombie, les cheveux ébouriffés, sentir cet arôme céleste redonne tout de suite le sourire.. Mais mieux encore que le café "moka", il y a le rituel du "cappuccino" avec la "brioche" (le pseudo croissant local) que de nombreux Italiens prennent au bar avant d'aller travailler. Ah les plaisirs simples de la vie !
Or, tout récemment, je suis tombée sur un article racontant la légende du "cappucino" (qui tire son nom du « capucin », comme les moines de cet ordre). Un petit tour sur internet m’a confirmé que cette légende ne semble guère très fiable étant donné qu’elle fait naître la boisson au XVIIe siècle, alors que les "cappucino" ne sont vendus en Italie qu’à partir du XXe siècle… Néanmoins, comme elle prolonge l’histoire du croissant dont j'avais récemment parlé, j’ai trouvé que c’était une bonne idée de la partager.
Alors, nous sommes à Vienne, toujours assiégée par les Turcs, en 1683.
Après avoir été battus, les Turcs ont laissé de nombreux sacs de café dans la ville. Ces grains sentent bon, en croquer un n’est pas déplaisant, et, du coup, on essaye d’en extraire une boisson se rapprochant de celle que les Viennois voyaient siroter par l'ennnemi. Or, un moine capucin, Marco d’Aviano, s’était distingué lors de la bataille contre les Turcs : celui-ci, particulièrement curieux de savoir quel goût pouvait bien avoir la boisson que l’on avait extraite à partir de ces grains marrons, décide d'en boire quelques gorgées. Hélas, ce goût amer ne l’enchante guère et il propose donc de rajouter du lait pour l’adoucir. Désormais le café n’est plus noir mais couleur marron clair, exactement comme la tunique du moine capucin… d’où le nom donné à ce type de café.
Mais bon, encore une fois, ça sent vraiment la légende inventée de toutes pièces pour donner de nobles origines à ce type de café.
J’en profite pour faire un petit "rangement conceptuel", même si je me doute bien que vous connaissez tout ça aussi bien que moi :
Dans le cappuccino, il n’y a pas de chantilly ou de crème fouettée (on se rapproche davantage du café viennois si tel est le cas).
Un petit tour sur internet me révèle d'ailleurs qu'on attribue au café viennois quasiment la même origine qu’au cappuccino. Lors du siège de Vienne, un certain Kolschitzky réussit à tirer parti de ces grains noirs abandonnés par les Turcs en obtenant une boisson bien parfumée. Mais à nouveau, certains trouvent la préparation trop amère : c’est pourquoi Kolschitzky décide de la rendre plus sucrée et d’y ajouter un peu de lait. Ce Polonais ouvre alors son premier café, le "Zur blauen Flaschen" ("A la bouteille bleue") quelques temps plus tard. Mais encore une fois méfiance : selon le livre intitulé "The world of caffeine : the science and culture of the world's most popular drug"* de Bennet Alan Weinberg et Bonnie K. Bealer, derrière cette belle légende se cachent toutes les difficultés administratives que dut dépasser Kolschitzky pour démarrer son activité.
Dans le caffè macchiato, on n'a qu’une “tache” de lait dans la tasse, c’est le goût du café qui prime, alors que dans latte macchiato, il s’agit d’une boisson lactée dans laquelle on a versé l’équivalent d’un expresso.
Il s'agit d'une boisson très proche du cappucino mais qui est souvent plus riche en crème et qui comprend surtout une partie de chocolat chaud… toutefois, en Italie, je n'ai pas l’impression que ce nom soit si diffusé et je crois bien qu’à Milan ils appellent cela un « Marocchino » (« Maroquin »).
Et je passe sur les caffelatte, les cafés frappés, les cafés turcs, les cafés décaféinés etc etc…
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* The world of caffeine : the science and culture of the world's most popular drug de Bennett Alan Weinberg et Bonnie K. Bealer (2001) n'a pas encore été traduit en Français, j'ai l'impression...