Les adolescentes et l'alcool
Sur La Repubblica du 20 août 20111, il y avait un article intitulé "Alcool, pari opportunità, adesso le donne bevono come i maschi" ("Alcool, égalité des chances, à présent les femmes boivent comme les hommes") avec un sous-titre qui récitait “In Italia, raddoppiato il consumo di birra”(« En Italie, la consommation de bière a doublé »).
Mais finalement, il s’agissait d’un titre assez mal choisi car même si l’article constatait qu’un nombre toujours croissant de femmes boivent habituellement de la bière ou du vin, ce que le journaliste voulait démontrer en réalité c’était que toujours plus d’adolescentes ont l’habitude de se « bourrer la gueule ».
Je vous rapporte les données mentionnées, pour que vous puissiez vous faire une idée du contenu de l’article (consultable ici, mais vous ne pourrez pas y voir les tableaux que j'ai recopiés) :
| 1993 | 2010 | |
| Bière | 12% | 21% |
| Digestifs | 5% | 11% |
| Alcools forts | 2% | 5 % |
| Vin | 37% | 31% |
L’augmentation de la consommation d’alcool chez les femmes (l’article ne précise pas si c’est en Italie ou pas qu’ont été établies ces statistiques).
En chiffres :
12 ans : l’âge moyen auquel débute la consommation d’alcool (oui, moi c’était 11 ans, sous surveillance de mes parents)
8,6% : les jeunes filles qui ont déjà essayé le binge drinking
6,8% : les jeunes filles considérées à « risque alcool » (le journal ne précise pas ce qu’il entend par ce terme) parmi les 18-24 ans en Italie (le taux est de 14,6% en Europe)
9/10 personnes consomment de la bière le samedi soir en discothèque.
Les Italiens et l’alcool :
Consommateurs réguliers : Hommes : 58,5% Femmes : 41, 5%
Consommateurs occasionnels : Hommes : 49, 8% Femmes : 50,2%
1 Italien sur 5 ne boit jamais.
Combien d'alcool pouvons-nous tolérer ?
Cas 1 : une femme de 45kg (en bref une adolescente) qui n’a pas dîné peut supporter une bière légère et un apéritif alcoolisé. L’alcoolémie attendue sera de 0,88g/L
Cas 2 : une femme de 60kg qui a dîné peut aller jusqu’à l’équivalent de 2 alcools forts (60°), ce qui donne une alcoolémie de 0,60g/L
Cas 3 : Un homme de 75kg qui n’a pas dîné peut aller jusqu’à deux bières bien alcoolisées (13-14°), ce qui donne une alcoolémie de 0,82g/L
Cas 4 : un homme de 55kg qui n’a pas dîné peut prendre une bière double malt et un alcool assez fort (54°), ce qui donne une alcoolémie de 1, 07g/L.
(ce qui m’énerve de ces articles-là, c’est que certes on déplore que ces jeunes filles boivent sans modération, d’autant plus qu’une femme supporte moins bien l’alcool qu’un homme, mais je trouve qu’au lieu de pointer du doigt le phénomène chez les filles, on devrait déplorer le binge drinking tout court – aussi bien chez les hommes que chez les femmes : ce n’est pas parce que ça fait plus de mal aux femmes, que ça fait du bien aux hommes…)
L’article essayait sinon de comprendre pourquoi le phénomène du binge drinking prenait autant d’ampleur et une des causes proposées était que, grâce à l'alcool, les jeunes filles se sentaient plus déshinibées et moins timides dans le cadre de la séduction.
Ce que je me demande moi c'est : et les parents ils font quoi ? Mes parents ont été les premiers à me faire boire du vin et de la bière et ils m'ont appris à boire l'alcool avec modération. Certes, en grandissant, ça peut m'être arrivé, lors des soirées, de boire un peu trop… mais franchement jamais rien de bien méchant non plus.
C'est grâce à mes parents que j'ai appris à apprécier les vins italiens, par exemple... (mais en les buvant avec modération !).
Et autre question que je me pose : le binge drinking est-il vraiment un phénomène nouveau ? Peut-être que ça a toujours existé, sauf qu'on en parlait moins...
Mais s'il s'agit rééllement d'un phénomène nouveau, alors je ne peux m'empêcher de me dire que le binge drinking n'est que la partie émergée de l'iceberg. Certes boire de cette façon est effrayant... mais je trouve bien plus effrayant qu'autant de jeunes considèrent l'alcool (ou la drogue) comme une échappatoire, comme un moyen de fuir leurs problèmes. Il y a un net malaise parmi les jeunes : il faudrait peut-être essayer de comprendre pourquoi.
1Je m'excuse, j'aurais dû publier plus tôt cet article, mais quand j'ai aperçu, l'autre jour, l'article sur le "spécial obésité" de The Lancet, j'ai préféré remettre à une date ultérieure la publication de ce billet-ci. Alors, oui, cet article de La Repubblica est vieux d'une semaine... mais je pense que les chiffres n'ont pas changé entre temps.
