Le kalter Hund
Dans ma coloc allemande, nous avions une boîte en métal de la marque « Oma Hartmanns » qui avait contenu jadis du « Kalter Hund » du commerce : c'était la « tire-lire » dans laquelle chacun de nous versait 20 euros tous les mois pour couvrir les frais de base.
Quelques mois plus tard, j’ai enfin essayé cette spécialité. J'ai bien aimé. En fait, le gâteau consiste essentiellement en des rangées de biscuits secs séparées par d’épaisses couches de chocolat (oh que c’est light tout ça !), c'est pourquoi le goût se rapproche de celui des Petits Ecoliers : difficile de ne pas aimer !

Historiquement parlant, cette recette a vu le jour après de la Seconde Guerre Mondiale : après les lourdes privations endurées pendants la guerre, les ménagères étaient à la recherche d’un dessert simple et bon marché. Si à l’époque, on préparait ce gâteau en utilisant surtout des biscuits de la fabrique allemande « Bahlsen », progressivement on recourut aussi à d’autres types de biscuits. Et de même, de nos jours, on trouve toutes sortes de variantes comme le Kalter Hund préparé avec du chocolat blanc ou le Kalter Igel (« Herisson Froid ») parsemé d’amandes effilées etc etc…
Car oui, il faut aussi consacrer quelques mots à la dénomination de ce dessert. En effet, « kalter Hund » signifie « chien froid »… mais pourquoi donc appeler un gâteau de la sorte ? Une rapide recherche sur le net me confirme à différentes reprises qu’il s’agirait en fait d’une déformation du terme « Hunt » propre au dialecte montagnard pour désigner les chariots (« förderwagen ») utilisés dans les mines. Le moule nécessaire pour confectionner cette recette étant carré et métallique, on pouvait y voir une certaine ressemblance avec ce type de petit wagon.
Toutefois, l’image du « chien » avait marqué les esprits ; c’est pourquoi, il n’est pas rare de trouver aussi le nom « Kalter Schnauze » (« museau froid ») pour désigner cette recette. Le Kalter Hund doit en effet passer quelques heures au frigo pour que tous les ingrédients « se fixent » correctement : la surface de ce gâteau résulte donc humide… comme la truffe d’un chien !
Bref, si vous passez en Allemagne et qu’on vous le propose dans un café, commandez-en une part : ce ne sera probablement pas la plus grande expérience gastronomique de votre vie, mais vous aurez mordu dans un morceau d’histoire allemande - liée aux fêtes d’anniversaire des enfants des années 1950.