Des amandes et du sucre : les dragées
Un des collègues de mon père a récemment distribué autour de lui des petits étuis contenant quelques dragées pour célébrer le baptême de son fils. Elles sont bleues, comme le veut la tradition : en effet, s’il existe des dragées de toutes les couleurs, c’est moins pour faire "joli" que pour se conformer à un code bien précis. Ainsi le baptême d’un petit garçon oblige à choisir des dragées bleues alors que celui d’une petite fille demande des dragées roses - et, de même, à chaque anniversaire de mariage correspond une couleur spécifique.
Bref, en croquant ma dragée, j’ai eu envie d’en savoir plus et c’est pourquoi je partage avec vous ce que j’ai découvert à ce sujet.
Alors, avant tout, il paraît que cette friandise existait déjà pendant l’Antiquité puisqu’il en est déjà question chez les auteurs romains. Cependant, à la place du sucre, on utilisait à l'époque un mélange de miel et de farine pour enrober les amandes : il faut attendre le Moyen-âge pour que l'on remplace ces ingrédients par le sucre de canne ramené par les croisés en Europe. Bien vite (nous sommes autour du XIIe siècle) la ville de Verdun se distingue en France pour sa production de dragées. En effet, cette technique pour confire les amandes permettait de mieux les exporter (le sucre étant un excellent conservateur).
Mais la mode des dragées explose surtout vers le XVIe siècle en France, période où le goût des Médicis pour les sucreries s'étend à tous les gens qui fréquentent la cour – d’autant plus que la consomation de dragées s'insère tout à fait dans le cadre de la diététique ancienne qui fait la part belle au sucre (considéré come "chaud et sec" selon la théorie des humeurs).
Progressivement, la production des dragées se perfectionne : ils deviennent plus lisses, présentent des couleurs plus vives, sont produits industriellement.. mais en définitive, on peut affirmer qu’il s’agit d’une douceur aux origines très anciennes.
Si vous passez en Italie, dans la région des Abruzzes, arrêtez-vous à Sulmone : en plus d’être la ville natale du poète Ovide, il s’agit d’une localité particulièrement célèbre pour ses dragées, au point qu’on peut aller y visiter un musée qui lui est exclusivement dédié.
En effet, comme vous pouvez le remarquer dans la photo, à Sulmone, on se sert des dragées pour produire de petites sculptures : tantôt des fleurs, tantôt des épis… tradition qui remonte au XVe siècle et qui a pris naissance dans le monastère de Sainte Claire.
Ces bouquets sont tellement réussis qu'on n'ose presque plus les manger, n'est-ce pas ?