Baba et Savarin : quelle différence ?
Je prolonge l’histoire du baba, en vous parlant de son alter ego, le savarin. Comment est-il né ? En quoi se démarque-t-il de son frère le baba ?
Dans l’article dédié au baba, je mentionnais la pâtisserie tenue par les frères Stohrer à Paris. Et bien, il faut à savoir que toujours à Paris – mais place de la Bourse - se situait une autre pâtisserie où travaillaient les frères Julien et ceux-ci aussi vendaient des gâteaux élaborés à partir de pâte à brioche imbibée. Mais à la différence de Stohrer, les Julien employaient un sirop plus léger et plus sucré, et surtout, ils versaient leur pâte dans des moules circulaires.
Cette pâtisserie porte le nom du célèbre gastronome Jean-Anthelme Brillat-Savarin. Bien entendu, le fromage "Brillat-Savarin" porte ce nom en hommage au même monsieur (d’ailleurs je reste perplexe : Brillat-Savarin a toujours chanté les charmes de sa région natale, le Bugey, et pourtant le fromage en question a été créé en Normandie…).
Mais revenons à notre pâtisserie et à son appellation. On se doute que les frères Julien choisirent de nommer leur gâteau « savarin » et non pas « brillat-savarin » pour faire plus court… toutefois cela pose problème. En effet, le père de Jean-Anthelme s’appelait Marc-Anthelme Brillat et non pas "Marc-Anthelme Brillat-Savarin". Mais la grand-mère de notre gastronome avait déclaré que si son petit-fils Jean-Anthelme ajoutait son nom de famille au sien, elle lui laisserait toute sa fortune : or le nom de famile de la vieille dame était "Savarin". Du coup, les frères Julien auraient mieux fait de vendre leurs gâteaux en les appelant des « brillats » et non pas des « savarins » s’ils avaient vraiment tenu à rendre hommage au gastronome - puisque « Savarin » fut rajouté seulement ultérieurement au nom de famille de ce dernier…
Quoiqu’il en soit, avouons-le : les termes "baba" et "savarin" sont devenus quasiment interchangeables, alors que ces pâtisseries présentent malgré tout quelques traits spécifiques :
- les babas contiennent parfois des raisins secs (je pense à ceux qu'on trouve au rayon laitages à Monoprix, par exemple...), alors que les savarins sont souvent décorés avec quelques fruits ou avec un peu de crème pâtissière
- et surtout, dans notre imaginaire collectif, ces deux spécialités se distinguent par leur forme caractéristique : le baba est en forme de bouchon, le savarin en forme de couronne.
Par ailleurs, vous ne trouvez pas que l'indispensable moule en couronne du savarin s'accorde alors très bien à cette pâtisserie qui porte le nom du roi des gastronomes ?