Histoire de la margarine
Il y a environ 6 mois, on avait beaucoup entendu parler d’une sorte de “pénurie” de beurre qui avait même fait l’objet d’un article de blog en ce qui me concerne (ici). Or, récemment, je suis tombée sur un passage intéressant du livre Histoire des peurs alimentaires de Madeleine Ferrières (livre dont j’ai déjà parlé, par exemple ici) axé sur l’histoire de la margarine. Vous trouverez plus d’infos dans le chapitre « Les empoisonneurs de Chicago »).
Il faut d’abord savoir qu’à peu d’années de distance, aussi bien la France que les Etats-Unis étaient à la recherche d’une alternative économique au beurre pour les classes populaires.
France : c’est sous Napoléon III qu’Hippolyte Mège-Mouriès crée ce nouveau produit. Initialement nommé « beurre économique », il doit finalement rebaptiser son produit car l’appellation « beurre » lui est refusée. Il opte alors pour le terme « margarine », issu du grec « μαργαρίτης» (« margaritês ») qui signifie « perle » (allusion à la couleur du produit, virant vers le blanc).
Etats-Unis : la région de Chicago produit un produit qui, à nouveau, est censé simuler le beurre. On l’appelle « butterine » et en 1886 le Congrès des Etats-Unis discutera de son statut. En effet, deux lobbies s’affrontent : les producteurs de lait refusent qu’on considère cela comme du « beurre » alors que le lobby industriel propose d’utiliser du colorant jaune pour que les clients soient rassurés (et assimilent donc cela à du beurre). Finalement, le Congrès refusera le nom « beurre » pour ce produit de synthèse et s’opposera à l’ajout de colorant… qui sera alors vendu à part – avec affiches publicitaires à l’appui pour montrer aux clients comment « colorer » leur margarine.
France : la France réagit très mal à la margarine. Elle avait beau être bon marché, très peu de personnes se mirent à l’utiliser pour les tartines. Avec le temps, les gens finirent par s’en servir pour cuisiner.
Etats-Unis : aux USA, le produit fut mieux accepté. Si les Américains reconnaissent bien que son goût est moins bon que celui du beurre, ils apprécient en revanche son côté pratique. La ménagère, en effet, n’a plus besoin d’attendre trois heures pour que la graisse animale ramollisse ou fonde.
En espérant que ce morceau d’histoire vous ait intéressés autant que moi, je vais – quant à moi – faire fondre un peu de BEURRE dans ma poêle pour faire cuire des œufs ! Ah ah!
