Les 20 aphorismes de Brillat-Savarin
Aujourd’hui une très rapide article où je laisse parler les 20 Aphorismes du "professeur" Brillat-Savarin :
Les premiers aphorismes tiennent un discours à portée universelle afin de donner plus de dignité à l’acte de se nourir :
I : L’univers n’est rien que par la vie, et tout ce qui vit se nourrit.
II les animaux se repaissent ; l’homme mange ; seul l’homme d’esprit sait manger.
III La destinée des nations dépend de la manière dont elles se nourrissent.
(dans ce dernier aphorisme, l’auteur fait allusion à tous les repas qui précèdent la signature d’important traités).
IV Dis-moi ce que tu manges, je te dirai ce que tu es.
V Le Créateur, en obligeant l’homme à manger pour vivre, l’y invite aussi par l’appétit, et le récompense par le plaisir.
(ainsi malgré l’idée d’ « obligation » - c'est-à-dire quelque chose de pénible - émerge la gentillesse de celui qu'on pourrait appeler le Créateur.)
A partir de là Brillat-Savarin essaie de montrer la suprématie des jouissances provenant du sens du goût sur celles provenant d’autres sens.
VI La gourmandise est un acte de notre jugement, par lequel nous accordons la préférence aux choses qui sont agréable au goût sur celles qui n’ont pas cette qualité.
VII Le plaisir de la table est de tous les âges, de toutes les conditions, de tous les pays et de tous les jours ; il peut s’associer à tous les autres plaisirs, et reste le dernier pour nous consoler de leur perte.
VIII La table est le seul endroit où l’on ne s’ennuie jamais pendant la première heure.
IX La découverte d’un mets nouveau fait plus pour le bonheur du genre humain que la découverte d’une étoile.
A partir de là, l’auteur nous délivre un mode d’emploi pour rendre le plaisir de manger encore plus agréable :
X Ceux qui s’indigèrent ou qui s’énivrent ne savent ni boire ni manger.
XI L’ordre des comestibles est des plus substantiels aux plus légers.
XII L’ordre des boissons est des plus tempérées aux plus fumeuses et aux plus parfumées.
XIII Prétendre qu’il ne faut pas changer de vins est une hérésie ; la langue se sature ; et, après le troisième verre, le meilleur vin n’éveille plus qu’une sensation obtuse.
XIV Un dessert sans fromage est une belle à laquelle il manque un œil.
XV On devient cuisinier mais on naît rôtisseur.
(car la cuisine s’apprend, mais réussir à cuire à point la viande est un don rare).
Enfin, Brillat-Savarin s’intéresse à la personne invitée à dîner :
XVI La qualité la plus indispensable du cuisiner est l’exactitude : elle doit être aussi celle du convié.
XVII Attendre trop longtemps un convive retardataire est un manque d’égards pour tous ceux qui sont présents.
XVIII Celui qui reçoit ses amis et ne donne aucun soin personnel au repas qui leur est préparé n’est pas digne d’avoir des amis.
XIX La maîtresse de la maison doit toujours s’assurer que le café est excellent et le maître que les liqueurs sont de premier choix.
XX Convier quelqu’un, c’est se charger de son bonheur pendant tout le temps qu’il est sous notre toit.
Jolie phrase, n’est-ce pas ?
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NB : si vous voulez un aperçu de la préface de ce livre, écrite par Jean-François Revel, cliquez ici.