"Le ventre des philosophes" de Michel Onfray
Aujourd’hui, un petit billet à propos du livre Les ventres des philosophes par Michel Onfray, que je viens tout juste de feuilleter il y a quelques jours.
Michel Onfray est un de ces « philosophes actuels » qui est moyennement apprécié par les universitaires français en général. Je partais donc avec un préjugé peu favorable, je dois l’avouer.
Pourtant, le livre commence de façon plutôt agréable avec la biographie d’Onfray racontée d’un point de vue gastronomique. On découvre donc les privations de sa jeunesse, les beuveries étudiantes et l’infarctus qu’il a eu à 28 ans. Ensuite, on trouve un petit chapitre qui jette les différentes pistes que va aborder le bouquin : à côté des différents philosophes, sont mentionnés aussi d’illustres gastronomes comme Grimod de la Réynière (j’ai découvert comme cela qu’il avait une malformation aux mains).
Le reste du livre est donc découpé en différents chapitres, dédiés tantôt à un philosophe, tantôt à un autre : Diogène le cynique, Kant, Fourrier, Sartre… Onfray compile différents extraits pour nous montrer ces augustes penseurs sous un jour nouveau. L’idée serait loin de me déplaire… mais certains aspects m’ont gênée, notamment des conclusions un peu « hâtives ». (je passerai sur le fait qu’en ayant inséré sa propre biographie gastronomique au début de l’œuvre, Onfray se met implicitement au même niveau qu’un Kant ou un autre philosophe illustre… ).
Prenons l’exemple de Rousseau :
On perçoit très bien qu’Onfray n’apprécie pas beaucoup l’écrivain du XVIIIe siècle : il semble en effet se moquer de son penchant pour la nourriture simple de la campagne, de son éloge du lait et des laitages et de la cueillette typique du « bon sauvage ». J’ai trouvé vraiment « limite » l’argument qu’il emploie pour condamner le végétarisme de Rousseau. En bref, pour Onfray, le végétarien est une espèce d’hypocrite qui défend les animaux mais qui ne se fait aucun problème pour massacrer les hommes : Onfray cite alors Robespierre et Hitler, responsables de la mort de milliers de personnes et qui furent aussi végétariens. Alors oui, certes, il y a eu des végétariens atroces… mais on ne doit pas se moquer du végétarisme de Rousseau ou du végétarisme en général, pour autant. Du cas isolé, Onfray semble tirer une vérité générale, ce qui pose quelques problèmes.
De même, toujours pour ce qui concerne le pauvre Rousseau, Onfray le peint comme quelqu’un qui semble assez froid aux plaisirs de la bonne chère… en oubliant totalement que Rousseau appréciait le bon vin, par exemple. (ainsi, il y a une anecdote que reporte Jean-François Revel, dans son Un festin en paroles, dans laquelle Rousseau quitte une auberge où le vin était médiocre pour une autre où le vin lui plait davantage : comme quoi, la boisson est devenue quelque chose de décisif, l’étalon, pour choisir où faire halte).
Mais bon, après je dois dire que le livre se lit assez bien et que ça permet de découvrir des extraits parfois négligés, ce qui est toujours intéressant. Mais, finalement, j’ai interrompu la lecture après le chapitre dédié à Fourrier, signe que cette œuvre m’avait « gavée ». (et oui, ce jeu de mots, je devais le faire !).