Même si la plupart de mes amis lyonnais parlent de « pain au chocolat », je connais une boulangerie dans cette ville dont le nom est « La chocolatine ». Ce qui est attesté en tout cas, c’est que dans le sud-ouest de la France ainsi que dans d’autres régions francophones du monde, on n’utilise que le mot « chocolatine » pour désigner cette viennoiserie – un « pain au chocolat » se réduisant alors à un bout de baguette avec un carré ou deux de chocolat.
A partir de là, j’ai commencé à faire quelques recherches et quelques sondages. Mes amis du sud-ouest de la France m’ont confirmé qu’ils ne connaissent, eux, que les « chocolatines ». Au contraire, à Paris, je n’ai jamais rencontré personne appelant cette délicieuse viennoiserie par ce nom.
Wikipédia m’ayant signalé que le mot « chocolatine » apparaît dans Le Petit Robert depuis 2007, je suis allée voir la définition que ce dictionnaire me proposait. La voici :
A force de recherches sur le net, j’ai découvert que « chocolatine » a aussi été le nom d’un bonbon qui a vu le jour au XIXe siècle, inventé par un certain Eugène-Pierre Perron. Si les premières pastilles étaient avant tout produites pour satisfaire les palais des gourmands, on commença aussi à produire un nouveau type de « chocolatine » au début du XXe siècle. Cette nouvelle version contenait de la quinine – c’est-à-dire un médicament qui permet de lutter contre le paludisme (maladie qui, à l’époque, sévissait encore dans de nombreuses régions d'Europe). Pour plus d’informations, je vous renvoie à une web qui m’a énormément appris (cliquez ici).
Mais revenons à la « chocolatine », entendue comme variante régionale de « pain au chocolat ». Si on tape « chocolatine » sur internet (google ou facebook, n’importe), on remarque qu’il existe de véritables débats pour savoir lequel des deux termes est le plus approprié. On se croirait dans une de ces grandes querelles langagières qui animaient les grammairiens du XVIIe siècle.
Je trouve ça intéressant. Car là, où le régionalisme aurait pu prendre des formes violentes et insultantes en choisissant un sujet de dispute beaucoup plus grave en lien avec la religion ou la politique, voici que ce type de diatribe langagière va chercher la viennoiserie que nous préférions TOUS en étant enfants. Finalement, il s’agit donc moins d’un débat sur le nom… que d’une occasion de mettre en commun les souvenirs que nous évoque cette douceur.